Les Associations agréées de surveillance de la qualité de l’air (AASQA) réalisent, depuis 2002, des mesures de pesticides dans l’air en fonction des ressources locales et des soutiens financiers mis à leur disposition. Elles améliorent ainsi les connaissances tout en répondant aux attentes sociétales croissantes sur le sujet. Les résultats et les rapports en découlant ont été communiqués par chacune de ces associations sur leurs sites internet. Ils ont également été progressivement regroupés, pour en faciliter la manipulation et l’interprétation, au sein d’une base de données de travail commune à l’ensemble de nos structures : la base PhytAtmo, pilotée par la Fédération Atmo France. A ce jour, cette base recensant 15 années de mesures des pesticides dans l’air sera ouverte aux parties prenantes et au public. Pour permettre une meilleure consultation, les données sont diffusées sous format excel regroupant toutes les données pesticides en air ambiant de 2002 à 2017.
La France figure parmi les pays les plus consommateurs en pesticides. L’eau et l’alimentation font l’objet d’une surveillance sur ces composés mais à l’inverse, bien que les pesticides soient reconnus comme substances d’intérêt national par le Ministère de la Transition écologique et solidaire, il n’existe pas de valeur réglementaire dans l’air. Pourtant lors de leur utilisation, les substances actives peuvent être transférées dans l’atmosphère par le vent, l’érosion éolienne et la volatilisation.
Ouverture à l’échelle nationale des mesures en pesticides dans l’air réalisées par les AASQA
Les concentrations mesurées en pesticides dans l’air extérieur sont regroupées au sein d’une base de données pilotée par Atmo France : PhytAtmo. A ce titre, elle est utilisée par des acteurs nationaux depuis 2015. Dans une volonté de faciliter l’accès des données à une échelle nationale et dans le prolongement de la mise à disposition des données réglementées, cette base est donc ouverte ce jour au public.
La base Phytatmo compile les mesures en pesticides dans l’air ambiant des AASQA sur la période 2002-2017 avec 321 substances actives recherchées et 6837 prélèvements effectuées sur 176 sites.
-> Cliquer ici pour accéder à la base PhytAtmo et sur data.gouv.fr
Les pesticides dans l’air, de fortes disparités dans le temps et sur le territoire
Un grand nombre de substances détectées dans l’air
Afin de tenir compte de l’évolution des usages, la liste des pesticides recherchés au fil des années par les AASQA évolue annuellement entre 150 et 250. Au final, ce sont entre 40 et 90 substances actives (herbicides, fongicides, insecticides) qui sont quantifiées annuellement à l’échelle nationale.
Une forte variabilité spatiale des concentrations
Les agglomérations semblent globalement plus préservées que certains territoires non urbanisés mais peuvent être néanmoins influencées. Ainsi, des zones moins densément peuplées peuvent s’avérer plus affectées par l’exposition aux pesticides dans l’air. La concentration très variable de pesticides dépend des conditions météorologiques locales, de la nature des sols, des caractéristiques physiques et chimiques de la substance active, des équipements utilisés lors du traitement…
Une saisonnalité selon les usages
Selon les années, les concentrations peuvent être également très variables et des pesticides peuvent être détectées sur une grande partie de l’année. Une saisonnalité associée à différents types de cultures est habituellement constatée sur les dernières années. La période fin printemps – été présente des concentrations plus élevées sur les zones viticoles (fongicides) alors que sur les zones de grandes cultures (herbicides) les concentrations sont plus importantes en période automnale.
Atmo France et les AASQA, acteurs majeurs de l’émergence et du suivi des pesticides dans l’air, demandent la mise en œuvre d’un suivi territorial et national pérenne basé sur la mesure et sécurisé dans son financement, afin de répondre aux attentes sociétales et questionnements institutionnels. Cette recommandation est d’ailleurs également portée par la Cour des comptes et par deux rapports parlementaires (Sénat en octobre 2012 et Assemblée nationale en avril 2018) .
Les préconisations sont donc les suivantes :
- Multiplication des sites de mesures pérennes afin de produire une information locale, fiable et représentative ;
- Incorporation de la mesure des pesticides dans l’air ambiant comme indicateur de suivi dans les dispositifs actuels de réduction de l’usage des pesticides ;
- Mise en place d’une plateforme nationale d’enregistrement des produits phytopharmaceutiques pour centraliser aussi bien les achats de pesticides que leur utilisation recommandée par le rapport parlementaire de la mission d’information commune sur le suivi de la stratégie de sortie du glyphosate de novembre 2019 ;
- Prise en compte du suivi des pesticides dans l’air dans les politiques de santé environnementale tel le Plan National Santé-Environnement (PNSE) 4 prochainement en consultation ;
- Intégration des pesticides dans la surveillance réglementaire de la qualité de l’air conformément aux attentes sociétales.