Le baromètre sur l’attitude des Français à l’égard de la qualité de l’air, des énergies renouvelables et des économies d'énergie à leur domicile a été initié par l'ADEME en 2014. L’édition 2021 de cette enquête annuelle est marquée par trois enseignements majeurs :
- La perception de la qualité de l’air s’est globalement dégradée, et l’inquiétude concernant la qualité de l’air dans les lieux publics est au plus haut. Pour autant, les Français font état de moins en moins de gênes.
- La connaissance des ENR est encore en recul, de même que l’acceptabilité de la plupart des filières pour l’installation de capacités de production d’ENR au niveau local. Toutefois, une part croissante des Français est intéressée par des investissements dans les ENR, que ce soit pour financer des projets ou investir pour leur domicile.
- La fracture générationnelle, déjà relevée en 2020, reste très marquée en 2021.
Voici les résultats concernant plus particulièrement la qualité de l’air :
- La perception de la qualité de l’air se dégrade, l’inquiétude sur les lieux clos se renforce
La perception de la qualité de l’air se dégrade après la hausse enregistrée en 2020.A la fois pour la qualité de l’air en général en France et près de chez soi, les indicateurs affichent une baisse de trois points, s’établissant à 67% et 73% respectivement. Pourtant, une part moindre des Français déclare qu’eux-mêmes ou leurs proches ont ressenti une gêne liée à la qualité de l’air intérieure ou extérieure (43%, -3 points). Comme lors des éditions précédentes, ces gênes sont davantage évoquées par les habitants des zones les plus urbanisées, où la perception de la qualité de l’air est la moins bonne.
eut-être du fait des suites de l’épidémie, l’inquiétude concernant la qualité de l’air dans les lieux clos grandit cette année. L’inquiétude concernant les crèches et les écoles croit même de 6 points par rapport à l’édition précédente (54%). Les transports restent toutefois les lieux inspirant le plus d’inquiétude (61%). Le logement fait exception et suscite une inquiétude relativement basse par rapport aux autres lieux et aux niveaux qu’il a atteint dans le passé (41%). Est-ce une cause ou une conséquence du fait que les sources de pollution de la qualité de l’air intérieur sont moins bien identifiées ? De fait, aucune de celles-ci n’est citée par plus de la moitié des répondants : 47% citent les produits d’entretien et 46% des diffuseurs de parfum et les désodorisants.
En forte baisse en 2020, les bonnes pratiques pour améliorer la qualité de l’air dans son logement sont globalement stables. Le choix de produits d’entretien portant un label ou faits maison est tout de même cité par moins de Français cette année (26%, -8 points).
- La moitié des Français est favorable à limiter la vitesse en centre-ville à 30km/h
Quasiment toutes les mesures proposées pour lutter contre la pollution de l’air recueillent le soutien d’une majorité des personnes interrogées. La lente érosion du soutien aux mesures se poursuit par petites touches, sans changer radicalement la hiérarchie des mesures les plus soutenues. Le développement de lieux permettant l’accès à de multiples services de proximité en limitant le recours à la voiture passe toutefois en troisième position (85%), derrière la gratuité des transports en commun pendant les pics de pollution (86%), et le développement des transports en commun (86%). Les principales baisses cette année concernent le soutien au développement du télétravail (-5 points, 78%), au développement du vélo (-5 points, 78%) et à l’obligation d’utiliser des véhicules propres pour livrer des marchandises en ville (-6 points, 65%).
La baisse de 18 points du soutien à la limitation de la vitesse en ville enregistrée par cette mesure avec l’ajout cette année de la mention «à 30 km/h» apporte deux enseignements:
- La crispation qui peut naitre de ce type de mesure ;
- Le soutien dont la mesure dispose malgré tout : 50% des personnes interrogées y sont toujours favorables.
- L’état d’esprit et les pratiques des utilisateurs du chauffage au bois changent peu
34% des Français déclarent utiliser le chauffage au bois (chiffre stable), dont 7% comme leur mode de chauffage principal (-5 points par rapport à 2020). Malgré les émissions de particules fines que ce mode de chauffage génère, il est toujours peu cité comme une source de pollution de l’air près de chez eux par les Français (13%). Encore une fois cette année, une majorité des utilisateurs ignore les émissions induites par le chauffage au bois : 57% sont étonnés par l’information, et 10% n’y croient pas.
Pourtant, la quasi-totalité des utilisateurs déclare prendre des mesures pour éviter la pollution de l’air (92%). Environ la moitié s’assure de la durée de séchage du bois avant utilisation (51%) et de la qualité d’entretien de l’appareil et des conduits (47%). Les autres pratiques ne sont adoptées que par un quart des utilisateurs au mieux.
- Une minorité des Français brûle toujours ses déchets verts
Bien que les pratiques vertueuses concernant les déchets verts soient toujours majoritaires, on observe cette année une baisse de 4 points pour l’apport en déchèterie (35%) tandis que les pratiques de compostage à la maison et le recours aux bacs de collecte en porte à porte restent stables (respectivement 34% et 13%).
Comme en 2020, 10% des Français citent le brûlage des déchets verts comme une source de pollution près de chez eux. La pratique semble dans le même temps en légère augmentation : +2 points pour le brûlage à l’air libre (6%) et +1 point pour le brûlage dans un incinérateur individuel (5%). Parmi les Français qui déclarent procéder de cette façon, une part pourtant beaucoup moins grande semble ne pas savoir que cela est interdit : 39% contre 66% l’an dernier.
Mécaniquement, une part plus importante des répondants qui brûlent leurs déchets verts assume sa pratique : 17% disent qu’ils savent que cela est interdit mais décident de le faire quand même, 16% qu’ils en ont assez des règlementations environnementales et 22% qu’ils estiment qu’il est moins polluant de brûler les déchets sur place que de les transporter en déchèterie. Ces éléments interrogent sur les réponses à apporter au phénomène, au-delà de la simple information sur l’interdiction de la pratique.