Le Laboratoire central de surveillance de la qualité de l’air (LCSQA), a publié le premier bilan du suivi national des pesticides dans l’air ambiant à l’échelle nationale. Les données recueillies par les Associations agréées de surveillance de la qualité de l'air de 2021 et 2022 sont présentées dans ce rapport.
Principaux résultats selon le rapport
Les résultats obtenus en 2021-2022 (SPN) montrent globalement des résultats similaires à ceux de l’état initial de 2018-2019 (CNEP) avec, en métropole, une baisse des concentrations mesurées et fréquences de quantification (FQ) plus ou moins marquée selon les substances. Les substances majoritairement quantifiées (FQ > 20%) et présentant des concentrations moyennes annuelles supérieures à 0,1 ng/m3 lors du suivi 2021-2022 sont le prosulfocarbe et le triallate en métropole, la pendiméthaline en métropole et dans les DROM ainsi que le s-métolachlore dans les DROM.
En métropole, les concentrations moyennes annuelles sont toutes inférieures au ng/m3 (Figure A), à la seule exception du prosulfocarbe (1,5 ng/m3 ) alors que lors de la CNEP, le folpel présentait également une concentration moyenne annuelles autour de 1 ng/m3.
Parmi les différences notables en métropole, le chlorothalonil, le chlorpyriphos-méthyl et le folpel ne font plus partie des substances majoritairement quantifiées (FQ>20 %) lors du suivi national, avec des baisses de leurs concentrations moyennes annuelles. Si les FQ de la pendiméthaline et du prosulfocarbe sont équivalentes, on note également une baisse de leurs concentrations moyennes annuelles.
Dans les DROM, les FQ sont équivalentes entre les deux campagnes et les différences de concentration moyenne annuelle sont moins marquées qu’en métropole (Figure B). Lors du suivi 2021-2022 (SPN), le glyphosate a été recherché dans les DROM, ce qui n’était pas les cas lors de l’état initial 2018-2019 (CNEP) et cette substance ressort parmi les plus quantifiées (~38%), avec en revanche une concentration moyenne annuelle de l’ordre de 0,01 ng/m3.
Plusieurs facteurs peuvent contribuer à expliquer les baisses observées entre les deux campagnes. Pour le folpel et le lindane, le changement de laboratoire d’analyse dans le suivi de certains sites semble avoir affecté la mesure, notamment en termes de fréquence de quantification (FQ). Ainsi, si le lindane reste parmi les substances majoritairement quantifiées en 2021-2022, on observe une baisse de 20 % de sa FQ par rapport à la CNEP.
Par ailleurs, l’interdiction de substances après l’état initial (CNEP) pourrait expliquer les baisses observées pour le chlorothalonil, le chlorpyriphos-méthyl et le chlorprophame. Enfin, si les conditions météorologiques ne semblent pas influencer significativement les concentrations observées, du moins de façon globale, l’évolution du panel de sites de mesures peut également être un facteur explicatif dans certains cas, l’exploitation des données de la CNEP ayant également souligné la spécificité des sites en matière de niveaux de concentration observés.
Le suivi pérenne des pesticides
Depuis juillet 2021, un suivi national permanent des pesticides dans l'air ambiant (SPN) a été instauré, poursuivant les travaux d'une première campagne exploratoire nationale de mesures des résidus de pesticides (CNEP), réalisée en 2018-2019 sur 50 sites couvrant l'ensemble du territoire, y compris les DROM. Il est le fruit d’une collaboration entre les AASQA, l’Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail (Anses) et le LCSQA.
Ce suivi s'appuie sur la surveillance de 18 sites sélectionnés, dont 14 déjà présents lors de la CNEP (un par région), choisis pour représenter les cultures locales et un bassin de vie. Il porte sur la recherche de 75 substances identiques à celles étudiées lors de la CNEP. L'objectif de ce suivi est de suivre, sur plusieurs années, l'évolution de la contamination de fond par les résidus de pesticides dans l'air ambiant, hors situations d'influence directe d'une culture spécifique, tel qu'évalué lors de la CNEP.
Les données pesticides des AASQA
Les AASQA réalisent, depuis 2002, des mesures de pesticides dans l’air en fonction des ressources locales et des soutiens financiers mis à leur disposition. Elles améliorent ainsi les connaissances tout en répondant aux attentes sociétales croissantes sur le sujet. Les résultats et les rapports en découlant ont été communiqués par chacune de ces associations sur leurs sites internet. Ils ont également été progressivement regroupés, pour en faciliter la manipulation et l’interprétation, au sein d’une base de données de travail commune à l’ensemble de nos structures : la base PhytAtmo, pilotée par la Fédération Atmo France.
Cette base est ouverte aux parties prenantes et au public.
La base Phytatmo compile les mesures en pesticides dans l’air ambiant des AASQA avec 321 substances actives recherchées et plus de 10 000 prélèvements effectuées sur 176 sites sous format excel.
> Cliquez ici pour accéder à la base PhytAtmo (version du 28 mars 2024) et sur data.gouv.fr