Reconnue comme cancérogène depuis 2013, la pollution de l'air représente plusieurs risques sanitaires pour la population mondiale et se place comme l'une des préoccupations majeures de santé publique.
En effet, le lien entre l'air et les maladies respiratoires, comme le cancer du poumon, ont été confirmées par des données publiées cette année. Mais la pollution de l'air peut être aussi un vecteur d'autres maladies comme le cancer du sein, qui fait l'objet de nombreuses études nationales et internationales.
Avec environ 15 000 litres d'air respiré par jour, l'être humain est ainsi exposé aux risques liés à la pollution de l'air. Souvent dégradée par la pollution, l'air est composé notamment de particules fines et ultra fines, émises par plusieurs sources (transports, chauffage au bois, industrie, agriculture, pollution naturelle (poussières du Sahara, feux de forêts ...) dont leur concentration peuvent varier en fonction des conditions météorologiques, l'évolution des environnements, la localisation géographique etc.
Des cancérogènes reconnus
Le Centre International de Recherche sur le Cancer (CIRC) a classé l'exposition à la pollution atmosphérique comme cancérogène, avéré en 2013. Les particules fines (PM2,5), les gaz d'échappements des moteurs diesels, le formaldéhyde, le benzène ont également été classés comme des cancérogènes avérés, avec quelques cancérogènes possibles comme l'acétaldéhyde ou les hydrocarbures aromatiques polycycliques. L'agence Européenne pour l'Environnement (EEA) a révélé dans sa publication en 2022, que la pollution de l'air est associée à 1% des cas de cancer en Europe, et associée à 9% des cas de cancer du poumon. En France, 3,6% des cancers sont liés à l'exposition à la pollution de l'air et des particules fines.
Des effets délétères pour la santé humaine
Les particules fines et ultrafines comme les PM2,5 ou les PM1 représentent des risques importants pour la santé humaine. Cela s'explique par leur petite taille qui facilite la pénétration dans les poumons et les autres organes comme le cerveau. Ces polluants peuvent présenter des propriétés génotoxiques (qui altèrent l'ADN), générer du stress oxydant et de l'inflammation, des effets liés aux étapes du développement du cancer. Par ailleurs, plusieurs équipes de chercheurs britanniques révèlent dans une étude publiée cette année, qu'un tissu pulmonaire affecté par une mutation mais non cancéreux risque d'atteindre la cancérisation, à cause de l'effet inflammatoire de ces particules.
Plusieurs types de cancers possibles ?
La pollution de l'air peut être un risque de développement d'autres cancers, bien que les recherches ne sont pas encore aussi précises que celles du cancer du poumon.
Toutefois, le CIRC a relevé un lien potentiel entre la pollution de l'air et le cancer de la vessie. D’autres études récentes évoquent également un lien entre l’exposition chronique au dioxyde d’azote (NO2) avec les risques de cancer de la prostate. Le trafic routier et l'épandage de pesticides peuvent avoir une causalité importante entre les risques de leucémie aiguë chez l'enfant et ces sources de pollution.
Concernant le cancer du sein, l’augmentation du risque de cette maladie dû à l’exposition à la pollution de l’air a déjà été rapportée par des chercheurs dans la littérature scientifique.
L’étude XENAIR a par exemple été réalisée afin d'étudier les liens entre le cancer du sein et 8 polluants atmosphériques. Les résultats indiquent qu'il existe en effet un lien significatif avec l'exposition au benzo[a]pyrène, au polychlorobiphényle et au NO2 et l’apparition de cellules cancéreuses dans les glandes mammaires.
En 2021, une méta analyse de la littérature internationale menée en France par des chercheurs de l’Inserm, du CNRS, et de l’Université Grenoble Alpes a été publiée et a révélé que 1700 cas de cancers du sein seraient attribuables chaque année en France aux polluants atmosphériques. L'un des composés les plus pointés du doigt serait le NO2.
Toutes ces études permettent d'identifier voire de hiérarchiser les polluants les plus impactants pour la santé afin de permettre aux décideurs d'obtenir des informations sur le plan de la santé sur lesquelles des politiques publiques visant à améliorer la qualité de l'air peuvent s’appuyer.
L'Association de la Ligue contre le cancer rappelle également qu’il est nécessaire prêter une attention particulière à l'air intérieur, puisque nous restons en grande partie dans des espaces clos.
Pour aller plus loin :
> Les effets néfastes de la pollution de l’air sur notre santé
> Corrélation avérée entre la pollution atmosphérique et le cancer du sein
> L’air intérieur